Les articles avec le mot-clés ‘Manager; Sens; Mission; Valeurs’
Manager par le sens face à l’incertain – 2/4
[Retrouvez les propos de cet article dans la vidéo
de la conférence TEDx « Pourquoi Pour Quoi ?« ]
Pendant l’ascension du Hmlung Himal, il s’est confirmé, jour après jour, parfois en respirant 3 fois par pas qu’il était possible de progresser, de monter, de prendre de l’altitude.
Personnellement, j’étais l’un de ceux au sommet. Et j’ai réellement vécu là-bcas des moments extraordinaires ! …et pas seulement parce que l’un de nos sponsors était la Chartreuse. Depuis le début des temps seulement 2 personnes avaient pu atteindre ce sommet. Dans notre expédition : chaque personne ayant voulu gravir le sommet a pu le faire. Au total, 9 personnes étaient sur la cime ! Une réussite exemplaire ! Une réussite incroyable, extraordinaire ! … mais à quel prix ? |
En réalité, ce dont je me suis aperçu sur place, c’est qu’il n’y avait pas réellement un groupe, il y avait 10 individus. C’est un peu décevant.
Mais il y a pire, – je force un peu le trait, mais à peine- au retour, dans l’équipe une majorité de personnes ne voulaient plus jamais faire de montagne avec personne de notre « équipe ».
13 ans après, certains ne se sont toujours pas reparlé une seule fois !
Pourquoi ? Pourquoi un tel fiasco humain ? Qu’est-ce qui l’explique ?
Avec le recul, il est clair qu’au sein des participants, il y avait des personnes venues pour un objectif de dépassement de soi.
Pour eux, le succès du projet se mesurait au fait que l’on ait tenté tout ce qu’il était possible de tenter pour atteindre le sommet (tant qu’on restait raisonnable en terme de sécurité). D’autres étaient partis avec une idée de se faire plaisir avant tout, dans cette nature extraordinaire, et que si l’on atteignait le sommet, alors c’était la cerise sur le gâteau. Lors du premier assaut au sommet, nous étions sur une arrête à plus de 6 000 m , nous respirions trois fois par pas, et après peut-être 10 heures de marche, nous n’étions plus très loin du sommet, lorsque la météo est passée du grand beau temps, au grand mauvais temps : peut-être 50 cm de neige en 30 minutes ! |
Et dans de telles circonstances, si vous avez encordés ensemble un « dépassement de soi qui veut absolument aller au sommet et tout tenter, et juste derrière un «se faire plaisir avant tout», alors à ce moment précis, il y a des tensions, et pas que sur la corde !
Fondamentalement que s’est-il passé ?
Une expédition, c’est un environnement, chaud dans le désert, froid en montagne. Au delà de l’environnement, une expédition, ce sont des hommes. Qui ont tous un comportement à chaque instant. Qui ont leurs compétences. Qui ont des valeurs et des croyances -qui croient que certaines choses sont bien et d’autre mal, que certaines sont possibles et d’autre pas,…
Et c’est une identité. Ce qui fait que chacun d’entre nous est unique.
Et au-delà, tout ce qui précède est connecté au sens… … ou pas !
Ce qui s’est passé avec l’expédition Himlung Himal, c’est qu’on a parfaitement préparé le projet au niveau de l’environnement (à quoi va-t-il ressembler ?), des comportements et donc des compétences qu’il allait falloir mettre en œuvre. Et sur ces sujets, nous avons été absolument parfaits ! Mais… On avait très bien préparé « comment » on allait faire cette ascension, mais pas assez « pourquoi ». Ce qui faisait sens pour les uns et les autres était très différent. Conséquence: il n’y avait pas d’équipe. Et des conflits. |
Les rôles et responsabilités étaient clairs, l’organisation était bonne. On avait le meilleur matériel.
La réussite –du projet– a été exceptionnelle. Mais à quel coût ? Humainement ?
Cette première expédition ne m’a pas seulement fait prendre de l’altitude, mais aussi de la hauteur !
Quel était le vrai challenge ?
Ce que j’ai compris, c’est qu’on s’était trompé de défi :
Le vrai challenge n’était pas de savoir ce qu’il y avait à faire (le quoi).
Le vrai challenge n’était pas de savoir comment faire l’ascension.
Le vrai, le seul véritable challenge, c’était de savoir pourquoi cette ascension, pour chacun d’entre nous, c’était de partager le sens.
J’ai appris / compris quelque chose d’essentiel : c’est le besoin absolu de sens.
Ce que j’ai compris, c’est que le manque de sens conduit à l’échec, malgré le succès apparent.
Il peut y avoir des réussites de surface, mais fondamentalement, dans une perspective réelle, à long terme, en profondeur, le manque de sens conduit à l’échec.
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Manager par le sens face à l’incertain – 3/4
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de la conférence TEDx « Pourquoi Pour Quoi ?« ]
Suite au versant malheureux de ma première expédition au Himlung Himal, je me suis intéressé à mettre du sens dans mes expéditions et à m’intéresser à des expéditions dont le sens me parlait. Et j’ai découvert Les Montagnes du Silence.
Que se passe-t-il aux Montagnes du silence ? C’est une association de sourds qui pose des ponts entre sourds et entendants à travers les activités de montagne. Leur dernière expédition ? |
Quand j’ai donné un coup de main à la préparation, c’est simple, je n’avais jamais vu une équipe aussi peu compétente : parmi les sourds, seuls D. Buffard le responsable de l’association et sa femme avaient véritablement déjà fait de la montagne.
Ils n’avaient que les vacances scolaires pour s’entrainer.
La communication prenait la moitié du temps.
Les mots « piolets » et « crampons » n’existent pas en langue des signes, il a fallu les inventer.
En montagne quand une pierre tombe, on crie « pierre » pour alerter tout le monde. Avez-vous déjà crié « pierre » dans l’oreille d’un sourd ? Il a fallu réinventer la façon de faire de la montagne.
Sans compter ce qu’il se passe, l’hiver, quand il fait -10°C et que l’interprète a des moufles !
Mais quand l’expédition part au Spîtzberg : chacun se sent investi d’une mission.
Pourquoi ? Parce qu’ils ne partent pas pour faire une expédition. Ils partent pour démontrer la capacité, entre sourds et entendants, à vivre ensemble, à communiquer, à tout assumer au même niveau, dès lors que chacun a accès au même niveau d’information. C’est ça leur but ultime. Le projet est fait pour cela. Il fait sens pour chacun. Il fait même tellement sens que tous les obstacles disparaissent. Cette expédition, ils la désirent, ils la veulent. Alors, même avec des petits moyens, ils l’organisent et arrivent à partir. |
Sur place, ils font face aux milles petites difficultés d’une expédition.
Ils évoluent dans un secteur riche en ours blancs. Parfois, il fait froid. Mais aussi, contre tout attente, le thermomètre montre jusqu’à +25°C. Les pieds gonflent dans leurs chaussures prévues pour supporter – 60°C. Ils ont tous des ampoules. En plus, elles s’infectent. Pensez, il y a plus de 50°C d’écart entre ce pour quoi les chaussures sont prévues et les conditions dans lesquelles ils sont obligés de les utiliser ! Les premiers jours, les guides Norvégiens étaient dubitatifs devant cette équipe. A la fin, ils sont sidérés ! Après les journées de marche, le soir, les guides vont se coucher. L’équipe mixte de sourds et d’entendants, elle, commence une 2ème journée avec la communication pour les écoles, avec les sponsors, jusqu’à 1h, 2h du matin. |
Or, l’énergie de l’équipe continuait à croitre et plus les jours passaient, et plus -au lieu d’être épuisés- ils allaient vite !r
A la fin de l’expérience, en termes d’engagement, ce sont des kamikazes ! Prêts à repartir ensemble ou avec d’autres, vers les plus grands défis. Pourquoi cela ? Parce que les Montagne du silence a une mission: rapprocher sourds et entendant, et donner toutes ses chances à chacun. Et parce que cette mission fait sens – et qu’ils prennent en considération tous les niveaux de la pyramide, pas seulement le « quoi » et le « comment » faire. |
Comparons un peu les deux expéditions:
– Himlung Himal :10 alpinistes entrainés, dotés du meilleur matériel, et un fiasco relationnel.
– Montagnes du silence : un groupe d’amateurs avec un équipement pas toujours adapté, et qui revient plus fort, et soudé par une expérience inoubliable !
Dans quel camp se trouve la véritable performance ?
Où est la vraie réalisation de soi ?
Et fondamentalement, qu’est-ce qui fait toute la différence ?
Pour l’expédition Himulg Himal, on s’est d’abord demandé ce qu’il y aurait à faire et comment on allait le faire.
Et il s’est passé ce qu’il se passe dans ces cas : souvent on manque la vrai cible ; et ensuite on se demande « pourquoi » on a manqué l’objectif. « Pourquoi » en un mot: on cherche un coupable. (Éventuellement, on le décapite, et on recommence !).
Les Montagnes du Silence font quelque chose de différent :
Ils se posent d’abord la question « Pour quoi ». Pas « pourquoi », la cause, en un mot.
« Pour quoi », « dans quel but ? ». Ils partent de ce qui fait sens : la mission. « Rapprocher deux mondes sourds et entendant pour s’enrichir mutuellement et donner les mêmes chances à tous ».
Et seulement quand le « pour quoi », l’intention, est partagé par tous, ils se posent les questions « comment » -grâce à une expédition- et « où » – à quel endroit elle aura lieu.
Pour réaliser de grands projets, adhérer à une mission commune est indispensable.
Le sens prime sur la compétence et les moyens matériels.
Ce n’est pas la compétence qui fait la différence entre expédition sur le Himlung Himal et expédition des Montagnes du Silence, c’est le sens.
Le sens crée le rêve et le rêve ouvre toutes les portes.
On a beau avoir la compétence, quand le sens n’est pas partagé, la cohésion éclate.
Alors que même démuni, quand le sens est partagé, on obtient le résultat.
La présence de sens amène la performance collective dans des proportions époustouflantes.
Soudés par le sens, on réussit, même avec des moyens limités
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Manager par le sens face à l’incertain – 4/4
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Trois enseignements essentiels :
1/ Découvrir ce qui fait sens pour soi, fait naître une nouvelle énergie !
2/ Le manque de sens conduit à l’échec, malgré des succès apparents / de façade
3/ Soudés par le sens, on réussit, même avec des moyens limités
Quels enseignements pour soi et pour l’entreprise ?
Avant d’agir et dans l’action:
Quel que soit le projet, quelle que soit l’ambition, nous devrions toujours commencer par valider que toutes les personnes en partagent le sens.
Dans l’action, nous devons entretenir et protéger cet alignement avec ce qui fait sens.
Ce n’est pas suffisant pour garantir le succès de ce que l’on entreprend à plusieurs.
Mais c’est le point de départ indispensable.
Professionnellement…. quelle est votre mission ?
Pas quel est votre métier, quelle est votre mission ?
Je fais chaque mois des conférences en entreprise. C’est mon métier. Mais ma mission n’est pas celle-là. Ma mission, c’est de vous faire conjuguer performance et bien-être, et prospérer dans un monde incertain.
J’ai un ami qui est assureur. Est-ce que sa mission est de vendre des contrats d’assurance ? (Si oui, il a un des métiers les plus stupides qui existe). Ou est-ce que sa mission c’est de protéger les familles contre les aléas de la vie ? (Et alors, il fait un des plus beaux métiers du monde !)
Et vous, à titre personnel ?
Quelle est votre mission sur cette terre ?
Quand vous serez plus âgés, aimeriez-vous vous dire « J’ai des regrets » ou » Quel bonheur d’avoir accompli ce que je devais faire ? ».
Pour quoi êtes-vous là ?
Pas « pourquoi », en un seul mot. La question n’est pas de savoir comment vos parents ont procédé pour que vous soyez là.
« Pour Quoi » ? En deux mots ? Dans quel but ? Pour quoi faire ? Quelle est VOTRE mission ?
Pour quoi ?
Dans nos sociétés -occidentales- ultra-performantes en matière de produit, de process et de procédures, ce qu’on devrait oublier un peu, ce qu’il y a à faire et comment on va le faire.
Ce qu’on devrait réapprendre : c’est à nous recentrer sur la mission et sur le sens.
Ce qu’on devrait oublier un peu, c’est le « quoi » et le « comment » ? ».
Ce qu’on devrait réapprendre : c’est à se center sur l’intention.
Ce qu’on devrait réapprendre : En deux mot, c’est le « Pour quoi ? ».
« Pour quoi ? », avant toute chose !
« Pour quoi ? » pour commencer !
« Pour quoi ? », d’abord !
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Découvrir ce qui fait sens pour soi, crée instantanément une nouvelle énergie !
On dispose alors du meilleur moteur possible pour son écologie personnelle :
aspiré par ce qui fait sens, le mouvement se crée de lui-même.
« Aventurier de l’extrême », c’est comme cela que les journalistes m’appellent.
Je ne sais pas très bien ce que cela veut dire. Ce que je sais c’est qu’il y a moins de 10 ans, j’étais juste un simple chef de projet en informatique. Un chef de projet sénior, certes, mais pas si loin du métro-boulot-dodo. …. Mais ça, c’était une autre vie ! Aujourd’hui, je m’intéresse à l’environnement polaire. Ou plus précisément, à ce que serait de concevoir un petit bateau conçu pour la haute mer, sur lequel on accrocherait des voiles géantes pendues sous des cerf-volants pour continuer à avancer sur la glace vers le pôle Nord. |
En fait, je suis né en banlieue parisienne.
Certes, à Paris, j’ai vécu quelques expériences extrêmes… en matière de pollution, par exemple !
Mais moi, ce qui m’attirait, c’était la montagne, c’était la liberté, l’aventure.
C’était découvrir le monde et se découvrir soi-même.
J’adore la capitale, mais il me manquait le grand air, les grands espaces.
Alors, rapidement, j’ai déménagé à Grenoble.
Grenoble…Grenoble même, c’est un peu le retour à la ville. Mais autour… Le bonheur !
La première année, j’ai passé près de 50 week-ends en montagne ! On ne peut pas dire que j’étais malheureux. Il y avait quelque chose qui m’attirait encore et de façon irrésistible: l’appel des sommets restait toujours plus fort ! |
Alors, je me suis organisé pour vivre ce que je voulais. Je faisais de l’escalade 5 fois par semaine, du ski de randonnée l’hiver, de la cascade de glace… Le seul moment difficile, c’était le printemps, car à cette époque, en sortant du travail, on peut déjà aller faire de l’escalade, mais on peut encore faire du ski, alors on est obligé de choisir !
Bref, j’étais heureux, je sentais en moi quelque chose qui vibrait puissamment et qui sonnait parfaitement juste.
Alors j’ai décidé, de lui donner toute sa place en augmentant encore la part de ce qui me faisait vibrer.
Et deux ans seulement après mon arrivée à Grenoble, une opportunité formidable s’est présentée: deux amis ont décidé de monter une expédition au Népal, sur le Himlung Himal.
Imaginez….
Tenter de gravir un sommet de 7.140 m. ! Cette expédition c’était un rêve et – sans oxygène – un challenge, un véritable défi. Cette expédition, c’était la promesse d’une expérience extraordinaire, inoubliable !
J’allais pouvoir découvrir la très haute altitude au pays de l’oxygène rare.
A travers cette expédition j’allais pouvoir me dépasser, découvrir, découvrir d’immenses espaces extraordinaires, découvrir d’autres hommes, découvrir la culture tibétaine, …
J’ai immédiatement rejoint l’équipe qui se constituait.
Mais pourquoi cette envie d’aller toujours plus haut, toujours plus loin ? Pourquoi cet appel continu ?
Qu’est-ce qui fait que quelqu’un d’ordinaire se met à faire des choses qui sortent de l’ordinaire ? Pourquoi ? J’ai compris ce que cela voulait dire pour moi, « vivre ». Ce que c’était « vivre », dans mon ADN profond. Pour moi, vivre, c’est découvrir. Se découvrir, soi, découvrir le monde, découvrir les autres, découvrir d’autres modes de penser, d’autres cultures. |
Et c’est cela qui m’inspirait, qui m’aspirait vers l’avant, vers plus loin, vers plus haut.
Parce que c’est ce qui me correspondait.
En réalité, ce n’était pas la montagne qui m’attirait, c’était quelque chose de plus grand.
La montagne était en fait le moyen d’accéder à quelque chose de profond : la montagne était le moyen de me réaliser, en réalisant ce qui faisait profondément sens pour moi.
J’ai compris que, quand on découvre ce qui fait sens pour soi, alors on dispose d’un véritable moteur : on est tiré/aspiré par ce qui fait sens.
Instantanément, on dispose d’une nouvelle énergie !
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